la vie change : Là où nous allons. Soumissionie l’autre nom du pays

Là où nous allons, Soumissionie l’autre nom du pays, le roman, la dystopie de Stéphane Ternoise 2022

Un livre qui participe au concours Plumes Francophones Amazon 2022

Là où nous allons. Soumissionie l’autre nom du pays. Stéphane Ternoise août 2022

Couverture :
« En plus de mettre le nez des politiciens dans leurs combines, Thomas irritait, dérangeait, en analysant les conséquences liberticides des orientations sociales, les réflexes de soumissions générés par Internet, en répétant régulièrement « tout ce qui est techniquement possible sera réalisé. » Il fut marginalisé, censuré de fait, blacklisté, finalement assassiné. Le troisième millénaire débutait avec l’ambition d’une humanité libérée du fardeau de la faim, d’Internet porte du savoir pour tous, de la liberté d’expression, d’une démocratie mondiale. Il fallait positiver, le progrès résoudrait tous les problèmes, même le dérèglement climatique. L’impertinent demandait : et ressuscitera les millions d’espèces disparues ?... »

Extrait :

En succédant à son père, le fils aîné découvrit, sur son bureau, sous un buste en pierre, son carnet rouge. Le potentat s’était senti succomber, son cœur s’emballer lors d’une cession de Conseil des Ministres, qui n’était qu’une réunion d’ordres impériaux et comptes-rendus des vassaux. Sa dernière phrase resterait une énigme « Comme Molière, je meurs sur scène. » Les plus acharnés ont découvert en Molière presque l’anagramme de « moi le roi. » Un Molière a-t-il existé ? Sur quelle scène ?
Le successeur fut bouleversé, non de la mort mais des propos du carnet rouge, se fit la réflexion d’avoir si peu connu cet homme, n’en ayant même aucun véritable souvenir d’enfance. Il avait été nommé Premier ministre deux ans plus tôt, sans entretenir de relation privilégiée, devant veiller à l’application des ordres. Comme son frère, peut-être encore plus ignoré, regardé de plus haut, chargé de l’approvisionnement alimentaire avec un simple titre de Haut-Commissaire, même pas ministre. Au contraire de son propre fils aîné, visiblement le seul à être accepté par le vieillard. « Il me ressemble celui-là, c’est un dur » constituait sa phrase rituelle. L’héritier intronisé considéra devoir des excuses officielles à la famille du député du sud-ouest. J’imagine Quintin derrière mon épaule. L’Aurélien le dur, il me tournerait une phrase dont la contrepèterie contiendrait l’ordure. Je crois que c’était sa manière de déjouer la surveillance, de ne pas être dupe de son statut d’auteur vedette Bolloré Books, en jouant avec les mots, les sonorités.
Ses révélations, au mou, laissèrent sceptiques. Naturellement, le meurtre du prix Nobel fut transformé en mission d’étude du nouveau contexte. Il fut accusé de divagation. Un raisonnement, cohérent, fut proposé par un vieux scientifique jadis sorti major de l’université De Villepin : « la radioactivité naturelle et historique du terroir quercynois, raison de la culture des mythiques truffes et de la taille de leurs noix, fut amplifiée par celle, alors également bien répertoriée, des retombées de l’explosion de la centrale nucléaire de Golfech. Le choix d’une expérience de ce genre à cet endroit est incohérent, incompréhensible, surtout d’un homme ne pouvant ignorer les prémices rappelés, qui ont servi de combustible à l’énergie de neutralisation des protons et des électrons. Ainsi boostée, plutôt que de suivre une courbe descendante, s’éteindre, comme en laboratoires, en zone aseptisée, sa trajectoire fut exponentielle, supplantant en quelques millièmes de seconde la résistance de l’énergie électrique. Quelques secondes suffirent pour un éparpillement planétaire. Par chance la couche d’Ozone a résisté, a constitué une barrière de protection sinon nous serions passés d’une catastrophe à une extinction de l’univers, au moins un refroidissement du système solaire. »
Dans cette approche, un phénomène essentiel demeure inexplicable : la survie du vivant. La neutralisation des protons et des électrons "aurait dû" entraîner notre glaciation, notre disparition. Cette impossibilité réfute totalement « la théorie » pour ses détracteurs.
Rapidement, le dossier fut clos. Le nouvel Empereur reconnaissait avoir été victime d’un faux, d’une machination politique d’un groupuscule identifié, ayant tenté, par cette invention démoniaque, de l’atteindre, lui, en discréditant son père. Cela n’avait été qu’une inondation dans un verre d’eau, mille personnes au maximum doivent en avoir entendu l’écho. Place de la Renaissance, à Paris, fut ressortie « la guillotine. » Finies les exécutions d’une balle dans la nuque derrière un chêne dans un jardin discret. Tout coupable devait servir d’exemple. Le groupuscule, emmené par un agitateur d’Arras, fut condamné à la peine capitale. L’exécution publique marqua le retour des grands rassemblements populaires. « Nous sommes une démocratie populaire. » Robespierre fut le dernier de la bande à monter sur l’échafaud, juste après Vidocq. Et quand sa tête tomba dans le panier, ce fut l’hystérie générale. Le royaume était sauvé, la foule ignorait de quoi, les comploteurs en tout cas étaient bien réels. La tête de cet arrageois, à la prétention de porter un illustre nom ayant déjà montré au peuple la voie de la Révolution, fut hissée au bout d’une longue canne utilisée lors du saut à la perche, dont on se demande comment elle était arrivée là, et tendue à l’Empereur. Son fils, un ado boutonneux, la saisit par la tignasse avant de la jeter dans une mare, tout en prononçant un historique « comme disait mon grand-père, les ennemis du peuple finiront tous dans la boue où les corbeaux dévoreront leur hideuse figure. » Ce fut le début de la deuxième vague de la terreur, du nettoyage du pays des mauvais esprits. la vie change : Là où nous allons. Soumissionie l’autre nom du pays